Commençons par une petite blague qui en dit long sur l’évolution de la technologie et le façonnement de l’industrie musicale : les cassettes audio avaient un côté A et un côté B, logique que leur successeur soit le CD ! Depuis, le CD a rendu l’âme, et entre-temps, le vinyle est ressuscité. La K7 avait cet aspect pratique qui permettait de saisir sans mal son fonctionnement, et cette fâcheuse tendance à provoquer des crises de nerf en se déroulant en cours de lecture.
Source : Geekzone
On rembobine l’histoire de la K7
Lou Ottens, tu connais ? Sans doute pas, en revanche, l’objet qu’il a inventé a peut-être accompagné tes jeunes années dans les décennies 70 et 80 : la cassette à bande magnétique. Directeur de la firme Philips Audio, notre Néerlandais, après plusieurs années de recherche et de développement, lance la K7 en août 1963 à l’occasion du Salon de la radio de Berlin : un boîtier en plastique et deux petites bobines où s’enroule un film à revêtement magnétique. La K7 existe en format pré enregistré à lire uniquement ou avec bande vierge pour enregistrer et lire.
On trouvait des magnétophones à bobine dès la fin des années 1950, essentiellement dans le domaine de l’industrie de la radio. Le grand public les trouvait peu pratiques, plutôt onéreux et assez peu portables. L’arrivée de la K7 Philips aux États-Unis en 1964 va changer la donne, reléguant le disque vinyle au rang d’objet obsolète, bien que supérieur esthétiquement. La Compact Cassette selon sa désignation officielle devient alors le moyen d’écoute et d’enregistrement audio domestique jusqu’à l’apparition du CD (Compact Disc) en 1983.
À l’apogée de sa popularité en 1989, la K7 audio se vendait à 83 millions d’exemplaires par an rien qu’au Royaume-Uni.
Le CD a-t-il signé l’arrêt de mort de la K7 ? Pas immédiatement, l’agonie fut lente. L’autoradio et surtout le baladeur inventé par Sony en 1979, le fameux Walkman, ont continué d’offrir à la K7 audio des supports privilégiés jusqu’à ce que les maisons de musiques cessent de diffuser leurs albums sur K7 vers le milieu des années 2000. Ne se vendent alors que des K7 vierges qui permettaient toujours d’enregistrer ses morceaux préférés.
La faute aux joggeurs ! Cette idée saugrenue d’écouter de la musique en courant sur le bitume ou en suant comme une bête de somme sur un tapis de course a disqualifié la K7, jugée trop instable car soumise aux chocs répétés. Le lecteur CD portatif, mais surtout le lecteur MP3, l’iPod d’Apple lancé en 2001 pour citer le plus vendu, vont alors révolutionner l’écoute nomade… jusqu’à l’émergence du smartphone. Un clou chasse l’autre !
Source : Konbini
C’est moi qui l’ai fait !
Tu avais à disposition 4 types de K7 audio : la « normale », la « chrome », la « ferrichrome » et la « métal » Pour faciliter leur lecture, les magnétocassettes étaient équipés de 4 touches correspondant aux 4 modèles, pas pratique, avant qu’un codage mécanique par encoches au dos de la cassette n’impose un réglage automatique.
Tu achetais la « normale » ou la « chrome » , la « ferrichrome » était peu commercialisée et la « métal », très performante et aussi très chère, était davantage utilisée par les professionnels pour la prise de son.
Dans les années 70 et 80, tous les albums musicaux sortaient en format K7, le vinyle était devenu has been. Et surtout, tu pouvais t’amuser à créer ta propre playlist avec une K7 vierge. « Video killed the radio star » des Buggles enchaînait sur « One step behound » de Madness, avant « Another brick in the wall » des Pink Floyd, “Il jouait du piano debout » de France Gall, « Gimme ! Gimme ! Gimme ! d’Abba et ta version dissonante de « L’aventurier » d’Indochine.
Une promiscuité de styles qui te réjouissait et qui scandait ton pas sur le chemin de l’école, ton baladeur en bandoulière. Ta compil’ à toi, celle qui n’avait pas de prix, que tu avais enregistrée avec minutie à la radio, et que tu pouvais partager avec ton meilleur ami ou avec ton crush du moment. Offrir à son flirt une K7 avec des morceaux choisis était ainsi l’expression ultime de l’amour, mieux qu’une lettre à la syntaxe approximative.
Ce que l’imagerie populaire retiendra de la K7 audio est sa désagréable propension à se dérouler lors de l’écoute. Celui qui ne s’est jamais énervé avec une K7 ne peut comprendre la puissance émotionnelle de l’objet. Avec une patience de moine bouddhiste et la dextérité d’un braqueur de coffre, tu tournais lentement un crayon Bic dans le trou de la bobine pour éviter que le ruban se détériore ou se casse. En cas de ripage malheureux, la K7 allait valser dans le coin de la chambre.
Si tu as toujours tes K7 audio, ne les jette pas ! Des marques comme « We are rewind » ont pris le pari de faire des lecteurs de cassettes une nouvelle tendance et de remettre au goût du jour un objet qui a un fort capital nostalgie, devenu iconique chez les plus jeunes qui n’ont connu que les supports dématérialisés et le streaming. Pièce emblématique de la technologie, la K7 audio n’a pas dit son dernier, ni le porte-rubans magnétique qui va avec.