Tu te souviens du jingle de Culture Pub, celui qui faisait « Badoum Ba ! » ? Ce générique mythique introduisait une émission devenue culte, qui a marqué les annales de la télé française. Culture Pub ou comment décrypter le commerce de l’attention, la publicité du petit écran qui capte le temps de cerveau disponible de millions de téléspectateurs. Avec Culture Pub, la pub devient un objet culturel et un spectacle addictif.
Émission cultissime
Alors que la publicité inonde les écrans, un homme se dit qu’il faut en ajouter une couche et faire des annonces télévisées commerciales un vrai programme média. La pub n’est plus seulement le fait d’exercer une action psychologique sur le public pour qu’il passe à l’acte d’achat, mais un sujet de réflexion à part entière et de divertissement. Gonflé, non ?
Cette idée innovante est celle de Christian Blachas. Avec Anne Magnien, il imagine, un peu plus de 20 ans avant la déferlante publicitaire à la télévision, une émission qui passe en revue les meilleurs comme les pires clips publicitaires et dévoile les secrets des annonceurs, et tout ça, sur une chaîne commerciale financée par la publicité. Fallait oser !
Créée en 1987 sous le nom « Ondes de choc » et produite par CB TV (pour Communication et Business ou Christian Blachas si tu préfères), l’émission rebaptisée Culture Pub en 1989 restera jusqu’en 2005 une des émissions phares de M6, qualifiée à l’époque de “petite chaîne qui monte”. La pub y est décryptée, avec humour et humeur, la marque de fabrique de l’émission. Le but est de divertir tout en informant. Sais-tu que Blachas avait proposé son programme novateur à Canal+ qui n’avait alors pas les moyens de le diffuser ?
Source : Orange.fr
Le duo dynamique, impertinent, caustique et très complice Blachas-Magnien a contribué à faire de l’émission un rendez-vous hebdomadaire incontournable, devenu mensuel à partir de 2002. Je tannais mes parents pour avoir le droit de rester éveillé chaque vendredi jusqu’à 23h, puis chaque dimanche après les magazines Capital ou Zone Interdite. Difficile à négocier en période d’examens, d’autant que l’émission, si pertinente soit-elle, n’avait pas vocation à renforcer mes faibles acquis de philo, quoique, et qu’elle était suivie par le film X, l’autre appât M6 !
Imitée, jamais égalée !
Les années 80, c’est l’âge d’or de la pub. Culture Pub tombe à point nommé, dans une époque bénie pour les agences de pub et de com où les créatifs osaient le politiquement incorrect. Ce concept vaseux et hypocrite n’existait pas. Aucun scrupule à vanter la vitesse de pointe d’une voiture, alors que la France dénombrait en moyenne plus de 10 000 morts chaque année sur les routes.
Souviens-toi de la pub pour la Peugeot 205 GTI (1985), qui jouait à fond l’identification à James Bond, avec conduite hyper nerveuse, cascades hallucinantes et jolie brune en guise de récompense. Censurée aujourd’hui ! Sécurité routière oblige, et ingrédients machistes inconcevables !
Dans la catégorie « humour bas du front avec stéréotypes identitaires » , je nomme la pub Saupiquet (1980) : un décor de mille et une nuits, un pacha enturbanné entouré de son harem et un jingle de Richard Gotainer (il en a créé beaucoup). Celle-là non plus, tu ne la verrais pas aujourd’hui.
Généralement, la page publicitaire à la tv incite à zapper. Avec Culture Pub, tu restais scotché à ton écran, captivé par le dialogue savoureux des présentateurs et un enchaînement de pubs plus captivantes les unes que les autres, par leur créativité, leur insolence, leur humour parfois limite, la beauté des images pour certaines, le caractère entêtant des jingles qui devenaient la petite scie musicale du lendemain. J’aimais surtout la saga des marques, Coca Cola versus Pepsi par exemple, où l’on avait accès aux pubs comparatives américaines, ce que la France interdisait alors.
En juin 2005, M6 arrête la diffusion de l’émission, en même temps qu’elle supprime de sa grille les films érotiques. La chaîne souhaite s’ouvrir à un public plus large et surtout plus familial. Exit l’impertinence et l’excitation des sens ! M6 aurait aussi joué le rôle de censeur, ce qui aurait déplu à Blachas. Culture Pub est alors exportée brièvement sur la chaîne câblée Planète sous le nom de Planète Pub, cette fois-ci sans présentateur. Le concept perd son sel. La chaîne NT1 reprend le programme, qui devient visible sur le net jusqu’en 2012, année du décès de Christian Blachas.
Culturepub.fr est aujourd’hui une plateforme éditoriale où tu peux revoir tes pubs préférées (http://www.culturepub.fr/).